top of page

Le numéro 76 de Grands-Parents Magazine est arrivé !  À partir  de 1€ en dématérialisé !

La BPCO :une maladie méconnue malgré son enjeu majeur de santé publique

  • Photo du rédacteur: Admin
    Admin
  • 8 oct.
  • 6 min de lecture
ree

La BPCO : une urgence de santé publique encore trop ignorée

La Broncho-pneumopathie chronique obstructive (BPCO) est une maladie respiratoire chronique, évolutive et irréversible qui affecte principalement les voies respiratoires et les poumons. Elle résulte d’une inflammation persistante des bronches, souvent causée par l’inhalation de substances toxiques, notamment la fumée de tabac, la pollution de l’air, ou encore des expositions professionnelles à des poussières ou gaz nocifs.

Souvent confondue avec une simple bronchite ou sous-estimée, la BPCO progresse silencieusement, entraînant une diminution progressive de la capacité respiratoire. Ses conséquences sont lourdes : fatigue, essoufflement, toux chronique, mais aussi répercussions sur la vie personnelle, sociale et professionnelle des patients.

Et pourtant, malgré sa gravité, la BPCO demeure largement méconnue du grand public.


ree

Une enquête pour prendre conscience de l’urgence

À l’occasion de la Journée mondiale de la BPCO, Sanofi a révélé en novembre 2024 les résultats d’une grande enquête nationale menée avec l’institut BVA Xsight auprès de 2005 Français et 302 patients atteints de BPCO. 

Les conclusions sont sans appel : la maladie est encore trop souvent ignorée, sous-diagnostiquée et stigmatisée, malgré ses conséquences dramatiques sur la santé publique.

Les Français expriment une inquiétude croissante vis-à-vis des maladies respiratoires, notamment en lien avec la dégradation de l’environnement (91 % l’associent à cette évolution) et les épidémies virales. Pourtant, 74 % déclarent être mal informés sur ces pathologies.


Une menace invisible dans un contexte d’aggravation écologique

Dans un contexte d’urbanisation croissante, de pollution de l’air, et de tabagisme toujours présent, les maladies respiratoires (et en particulier la BPCO) sont appelées à prendre une place de plus en plus importante dans les enjeux de santé publique.

La Cour des comptes alertait en mai 2024 sur le coût croissant de la prise en charge des maladies respiratoires chroniques, estimé à 3,7 milliards d’euros en 2021. Face à cette réalité, la prévention et l’information deviennent une priorité absolue.


Une maladie encore trop invisible

La BPCO reste, aujourd’hui encore, largement méconnue du grand public, malgré sa gravité. Beaucoup de Français n’en ont jamais entendu parler, et ceux qui la connaissent mal la confondent souvent avec une simple bronchite ou un autre trouble respiratoire passager. Cette confusion n’est pas anodine : elle retarde le diagnostic et empêche une prise en charge adaptée.

Dans les cabinets médicaux, la BPCO passe parfois inaperçue ou n’est détectée qu’à un stade avancé, lorsque les capacités respiratoires sont déjà très diminuées. Les patients, eux, minimisent souvent leurs symptômes (une toux persistante, un essoufflement à l’effort) jusqu’au jour où leur quotidien devient un combat.

Cette absence de reconnaissance rend la maladie presque invisible dans l’espace public : on en parle peu, les supports d’information sont rares, et il n’est pas toujours facile d’accéder à des ressources pédagogiques, même dans le milieu médical.


Le poids du regard des autres

Au-delà des difficultés physiques, la BPCO est aussi une épreuve sociale et psychologique. Les patients témoignent d’un sentiment de honte ou de culpabilité, souvent renforcé par des remarques blessantes de l’entourage ou même de professionnels de santé.

La plus courante de ces phrases est sans doute : «Tu n’avais qu’à pas fumer.»

Si le tabac est effectivement une cause majeure de la maladie, cette vision simpliste occulte la complexité des parcours de vie. Elle fait peser sur les malades la responsabilité entière de leur souffrance, comme si être malade était une faute, un choix, une punition méritée. Cette forme de stigmatisation est source de repli sur soi, de perte de confiance et de solitude.

De nombreuses personnes atteintes de BPCO racontent qu’elles ont dû se cacher, éviter de parler de leur maladie ou même renoncer à certaines activités sociales pour ne pas subir de jugements. Le regard de l’autre peut devenir une barrière aussi étouffante que la maladie elle-même.


Quand la souffrance n’est pas visible, elle est souvent niée

La BPCO n’a pas toujours de signes visibles. Il n’y a pas de plâtre, pas de cicatrice, pas de fauteuil roulant. Ce manque de visibilité rend le handicap difficile à comprendre pour l’entourage. Certains patients se voient même accusés d’exagérer leur fatigue ou leur essoufflement. D’autres entendent que leur mal-être serait « psychologique », voire qu’ils manquent simplement de volonté.

Cette absence de reconnaissance du handicap invisible ajoute une dimension de souffrance morale à la maladie. Elle peut mener à l’isolement, à la dépression, ou au découragement face aux soins. Ce sont des effets secondaires silencieux, mais bien réels, de la BPCO.


Sortir de l’ombre : une nécessité

Face à ces constats, il devient essentiel de changer le regard porté sur cette maladie. Faire connaître la BPCO, c’est permettre un diagnostic plus précoce, une meilleure qualité de vie pour les patients, mais aussi lutter contre les stéréotypes et favoriser l’inclusion sociale.

Il ne s’agit pas seulement d’informer sur les symptômes ou les risques, mais aussi de donner la parole aux malades, de les écouter, et de reconnaître leur vécu. Cela commence par une chose simple : parler de la BPCO.


Un enjeu économique et sanitaire majeur

La BPCO ne se limite pas à un enjeu individuel. Elle représente aussi un défi collectif de première ampleur, tant par ses coûts économiques que par ses impacts sociaux. Elle nécessite une réorganisation des priorités de santé publique et une révision des outils mis à disposition des soignants.


Un coût élevé pour la société

Chaque année, les maladies respiratoires chroniques représentent 3,7 milliards d’euros de dépenses publiques en France. Ce chiffre englobe les consultations, les hospitalisations, les traitements, mais aussi l’arrêt de travail, les pertes de productivité et les coûts sociaux liés à la perte d’autonomie. Une part considérable de ces dépenses pourrait être évitée si le diagnostic était posé plus tôt.

Un rapport de la Cour des comptes estime qu’un dépistage plus précoce et une prise en charge mieux coordonnée permettraient d’économiser près de 100 millions d’euros chaque année. Cette marge d’amélioration est à la fois un appel à l’action et un potentiel levier économique non négligeable.


Des traitements en mutation : un levier d’espoir et d’efficience

Si la BPCO reste une maladie incurable, la recherche progresse enfin après une décennie d’attente. De nouveaux traitements commencent à émerger, portés par une meilleure compréhension des mécanismes de la maladie. Ces avancées permettent d’espérer une stabilisation plus durable des symptômes, voire un ralentissement de la progression pour certains profils de patients. Elles ouvrent la voie à une prise en charge plus personnalisée, qui pourrait réduire les hospitalisations, améliorer la qualité de vie et limiter les arrêts de travail, autant de facteurs qui, à terme, pourraient aussi alléger le poids économique de la maladie. Miser sur l’innovation thérapeutique, c’est donc aussi miser sur une stratégie de santé publique plus efficace et plus humaine.


Des axes de prévention clairs

Réduire l’impact de la BPCO passe par des mesures de prévention déjà identifiées, mais encore trop peu mises en œuvre :

• La lutte contre le tabagisme, en renforçant le sevrage tabagique, en limitant l’exposition des jeunes et en encadrant strictement la publicité et la vente des produits du tabac.

• La réduction de la pollution atmosphérique, avec des politiques de transition écologique, de transport propre et de protection des populations vulnérables.

• La vaccination systématique contre certaines infections respiratoires comme la grippe et le pneumocoque, qui peuvent aggraver l’état des patients atteints de BPCO.

• La généralisation de la spirométrie en médecine de ville, notamment pour les patients à risque (fumeurs, ex-fumeurs, travailleurs exposés).


Agir au plus près du terrain

Le rôle des médecins généralistes est central dans cette stratégie. Ce sont eux qui peuvent détecter les signes précoces, initier les examens et coordonner les soins. Pour cela, ils doivent être formés à reconnaître les premiers signes de la BPCO, équipés d’outils comme la spirométrie, et soutenus par un réseau de spécialistes.

L’intégration de la BPCO dans les bilans de santé réguliers, notamment à partir d’un certain âge ou pour les profils à risque, pourrait être un tournant décisif. Il est aussi nécessaire de renforcer les campagnes de prévention ciblées dans les entreprises, les lieux publics, et auprès des jeunes générations.

La BPCO est une maladie que l’on peut freiner si l’on s’en donne les moyens. Une politique de santé publique ambitieuse, associée à un effort collectif de reconnaissance et d’information, peut transformer des trajectoires de vie.


Conclusion : un souffle nouveau pour les malades

La BPCO est une maladie évitable, mais encore largement ignorée. Elle frappe des millions de personnes, perturbe leur quotidien, réduit leur espérance de vie et reste pourtant absente des priorités nationales.


Trois axes d’action essentiels

Pour sortir la BPCO de l’ombre, il est indispensable de s’appuyer sur trois

piliers :

Informer et sensibiliser :

L’information est le premier levier d’action. Mieux faire connaître la BPCO, ses causes et ses symptômes, c’est permettre un diagnostic plus précoce, et donc une meilleure qualité de vie.

Accompagner les patients :

La gestion de la BPCO ne se limite pas au traitement médical. Il faut écouter, soutenir, adapter les conditions de travail, reconnaître le handicap invisible, et proposer un accompagnement psychologique.

Investir dans la recherche et la prévention :

Soutenir l’innovation thérapeutique, renforcer les campagnes de prévention, protéger les générations futures de la pollution et du tabagisme, voilà les défis à relever.


Ce que demandent les patients

Les malades ne réclament pas l’impossible : ils demandent à ce que la BPCO soit mieux connue dans les cabinets médicaux, mieux dépistée, et enfin reconnue pour ce qu’elle est : une maladie grave, mais évitable et gérable.


Ressources utiles

Informations et accompagnement :


Fédération Française des Associations et Amicales de Malades Insuffisants Respiratoires (FFAAIR)


Association Santé Respiratoire France


Tabac Info Service – 3989 (service gratuit)


Alliance contre le tabac (ACT) 

 
 
 

Commentaires


Posts à l'affiche
Posts Récents
Retrouvez-nous
  • Icone Facebook
  • Icone Instagram
  • Icone Youtube
  • Icone Pinterest
bottom of page